Bien après la plupart des autres invités, Laf rejoignit le Château.
Il entendit bien quelques commentaires et ricanements à peine discrets dans son dos : « Il travaille tous les jours avec Savarrin son ami, mais ils sont si absorbés par leurs dossiers qu'ils ont dû oublier de parler du mariage, il a failli venir pour le baptême du premier né ! ».
Faisant comme s'il n'entendait rien, Laf s'apprêtait à présenter ses respects à Dame Bardaya, quand, découvrant pour la première fois celle-ci, il fut si troublé par sa divine beauté que, pour l'une des rares fois de son existence, il resta un moment sans voix, ébloui.
Prenant conscience que le silence s'éternisait, il se ressaisit et s'inclinant profondément devant la maîtresse des lieux, il déclara :
« Madame, vous êtes non seulement l'ornement de cette demeure, mais celui de tout le Comté. Où que vous alliez, il vous suffira de paraître et vous verrez accourir à vos pieds tous les hommes, pour vous servir. »
Se tournant en partie vers le seigneur Savarrin, il dit:
« Félicitations et longue vie aux heureux époux et à leur descendance! »
A voix basse pour Savarrin, il ajouta :
« Je te savais bon goût, mais tu es également chanceux, mon ami. »